Cash Economy and Store-Bought Food Biases in Food Security Assessments of Inuit Nunangat

Auteurs-es

DOI :

https://doi.org/10.14430/arctic78196

Mots-clés :

sécurité alimentaire; souveraineté alimentaire; transition nutritionnelle; Arctique canadien; systèmes alimentaires; Household Food Security Survey Module; HFSSM

Résumé

Les chercheurs, les organisations communautaires et les dirigeants inuits mettent de plus en plus en doute le caractère adéquat des méthodes servant à évaluer la prévalence de l’insécurité alimentaire dans l’Inuit Nunangat (la patrie des Inuits au Canada). Le module d’enquête sur la sécurité alimentaire des ménages (HFSSM) du ministère américain de l’Agriculture (USDA) porte particulièrement à controverse. Une version modifiée du HFSSM est employée dans le cadre de l’Enquête sur la santé dans les collectivités canadiennes (ESCC) et de l’Enquête auprès des peuples autochtones, deux enquêtes d’envergure nationale réalisées par Santé Canada. L’enquête du HFSSM contient 18 questions. Il s’agit du principal outil d’enquête dont se sert le gouvernement du Canada pour évaluer la prévalence de la sécurité alimentaire. Toutefois, les questions du HFSSM ne portent que sur l’abordabilité de la nourriture achetée en magasin (aussi appelée « nourriture du marché » ailleurs dans la littérature) dans le cadre de la collecte de données servant à déterminer l’état de la sécurité alimentaire. C’est le cas même si les communautés de l’Inuit Nunangat ont des systèmes alimentaires complexes doubles, ou mixtes, c’est-à-dire qu’elles utilisent la nourriture récoltée sur les terres ancestrales (la nourriture du terroir) et la nourriture achetée en magasin pour soutenir les régimes et les économies mixtes de vente et de subsistance. La récolte de nourriture du terroir ne se fait pas sans argent pour acheter de l’équipement et de la machinerie. Cependant, la nourriture du terroir est également assortie de nombreux critères d’accès et de disponibilité dictés par des facteurs autres que l’argent. Dans cet article, nous explorons le problème du biais monétaire (l’accent sur l’aptitude d’un particulier ou d’un ménage à acheter de la nourriture) entourant le HFSSM et nous discutons des effets indirects de l’utilisation des données monétaires comme unique moyen de mesure et de surveillance de la sécurité alimentaire dans les environnements où coexistent deux systèmes alimentaires. Nous soutenons que le fait de se fier à l’accès monétaire comme outil de mesure dresse un tableau incomplet de la réalité de l’insécurité alimentaire dans l’Inuit Nunangat. À l’heure actuelle, peu de considération est accordée à la nuance des normes sociales et des valeurs culturelles qui gouvernent les deux systèmes alimentaires ou l’importance de facteurs non financiers moins tangibles susceptibles d’avoir une incidence sur l’accès à la nourriture (comme le fait de savoir où et comment faire les récoltes, comment entretenir les machines, quelles sont les conditions environnementales propices aux déplacements, quels sont les règlements favorables aux récoltes, à quoi ressemblent les relations sociales, et la stabilité écologique). Au bout du compte, cela se traduit par la compréhension restreinte des politiques, à savoir ce que signifie l’assurance de systèmes alimentaires justes, culturellement adéquats et stables, et limite l’autodétermination des milieux alimentaires nordiques.

Publié-e

2023-10-11